La Russie met ses forces stratégiques en alerte
Dans son allocution télévisée annonçant le lancement de l’offensive contre l’Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine avait prévenu : Ceux « qui tenteraient d’interférer avec nous doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduire à des conséquences que vous n’avez encore jamais connu ».
Évidemment, il était difficile d’y voir autre chose qu’une référence à l’arme nucléaire… Cependant, avant d’en arriver là, la Russie dispose d’autres moyens susceptibles de provoquer les « conséquences » évoquées par le chef du Kremlin.
Ainsi, l’usage d’une arme anti-satellite, comme celle testée en novembre 2021, pourrait infliger des dommages considérables aux économies des pays occidentaux. De même qu’une action contre les câbles sous-marins de communication. Un autre possibilité est l’emploi d’un missile hypersonique, des MiG-31K, doté du missile Kinjal, ayant été repéré à Kaliningrad, d’où ils pourraient atteindre la quasi-totalité des capitales européennes.
Quoi qu’il en soit, le 24 février au soir, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, a répondu à la menace de M. Poutine en affirmant que celui-ci devait « aussi comprendre que l’Alliance atlantique est une alliance nucléaire ». Au passage, la France ne fait partie du Groupe des plans nucléaires de l’Otan…
En tout cas, ce 27 février, soit trois jours après le début de l’invasion de l’est de l’Ukraine par ses troupes et la décision des Occidentaux d’infliger de lourdes sanctions économiques contre la Russie, le président russe Poutine a ordonné de mettre en alerte les forces stratégiques russes. Et cela, alors que plusieurs pays ont annoncé qu’il livrerait des armes aux forces ukrainiennes.
« Les hauts responsables des principaux pays de l’Otan font des déclarations agressives contre notre pays. C’est pourquoi j’ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major général de mettre les forces de dissuasion en régime spécial d’alerte au combat », a déclaré M. Poutine, lors d’une réunion au Kremlin. En outre, il a aussi qualifié les sanctions prises contre son pays « d’illégitimes ».
En 2015, M. Poutine avait confié avoir envisagé l’option nucléaire en cas d’intervention occidentale au moment de l’annexion de la Crimée, un an plus tôt. « Nous étions prêts à le faire […] et à faire face à la tournure la plus défavorable qu’auraient pu prendre les événements », avait-il affirmé, lors d’un entretien diffusé par Rossiya1. « On ignorait alors » si les Occidentaux allaient intervenir militairement. C’est pourquoi j’ai été obligé de donner les instructions qu’il fallait à nos forces armées […] de donner des ordres sur l’attitude de la Russie et de nos forces armées en toutes circonstances », avait-il ajouté.
Pour rappel, cinq jours avant le début de l’offensive en Ukraine, toutes les composantes de la dissuasion nucléaire russe [terrestre, océanique, aérportée] ont pris part à l’exercice Grom 22, dont l’objectif était de vérifier leur état de préparation et la fiabilité de leurs armes nucléaires et conventionnelles.