Paralysie faciale idiopathique
Enfin, lors de cet essai clinique de phase I dont les résultats ont été publiés en 2017 dans The Lancet, un participant qui avait reçu la plus forte dose (640 microgrammes) d’un vaccin prototype contre la rage a développé une paralysie faciale modérée et transitoire. Il est possible que la forte immunogénicité intrinsèque de l’ARN messager ait pu jouer un rôle dans cet effet secondaire dans la mesure où ce type de paralysie faciale (paralysie faciale périphérique a frigore ou idiopathique) a été associée à une augmentation des taux d’interféron ou à un traitement par interféron [2].
La formulation du vaccin à ARN messager a depuis été optimisée, de même que sa séquence génétique. Les résultats obtenus avec ce nouveau ARN messager prototype, formulé dans des nanoparticules lipidiques, ont été satisfaisants. Un essai clinique de phase I a récemment débuté.
Des vaccins à ARN messager contre des souches de grippe aviaire (H10N8 et H7N9) ont également été développés, avec des résultats encourageants chez l’animal (souris, furets) mais mitigés dans les premiers essais cliniques chez l’homme.
Peu de vaccins à ARN messager ont été développés contre des infections bactériennes. Il s’agit principalement d’un vaccin codant un antigène du bacille tuberculeux (Mycobacterium tuberculosis) administré par voie intranasale et d’un vaccin contre le streptocoque (groupes A et B).
Il a été récemment montré qu’il est possible de produire un ARN messager codant non pas un seul antigène mais plusieurs antigènes et ainsi induire une réponse immunitaire efficace vis-à-vis de chacun d’entre eux. Il est donc possible de cibler un même agent infectieux sur plusieurs fronts. Cette stratégie a été développée contre le virus HSV-2, responsable de l’herpès génital, mais également contre le parasite de la toxoplasmose. Un vaccin ARN messager auto-réplicatif porteur de six antigènes a été développé, de même qu’un vaccin prototype contre le cytomégalovirus (CMV) codant cinq antigènes et actuellement en essai clinique de phase I.
Incorporer dans la molécule d’ARN plusieurs séquences codant des antigènes différents permet également de cibler simultanément plusieurs pathogènes. Une équipe du Massachusetts Institute of Technology a montré que six ARN auto-réplicatifs différents (réplicons) peuvent être encapsulés dans la même nanoparticule, chacun exprimant un antigène. Ce vaccin a induit une immunité protectrice contre ces six agents infectieux, notamment vis-à-vis du virus grippal H1N1, du parasite de la toxoplasmose (Toxoplasma gondii) et du virus Ebola. Le vaccin actuel contre le virus Ebola (rVSV-ZEBOV, souche Zaïre) est un vaccin vivant atténué recombinant. Constitué à partir virus de la stomatite vésiculaire (VSV), il est souvent responsable d’effets secondaires généraux.
Enfin, sur le front des maladies tropicales parasitaires, un vaccin ARN messager auto-réplicatif s’est montré capable chez la souris d’empêcher la réinfection par le parasite du paludisme. Un vaccin prototype contre la leishmaniose est également à l’étude.
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