Peu d'avancées depuis les accords de Minsk
Le protocole de paix prévoit certes le retour des territoires dans le giron de Kiev, mais en échange d'une très large autonomie garantie par la Constitution ukrainienne. Ces textes sont "très avantageux pour la Russie", poursuit la chercheuse, et Moscou a tout intérêt à conserver ce cadre pour obtenir des concessions. "La Russie veut l'autonomie de ces territoires dans la Constitution ukrainienne, des élections au Donbass puis une démilitarisation – ces points figurent dans cet ordre" dans le texte, explique Alexandra Goujon, maitresse de conférences à l'université de Bourgogne. "Mais l'Ukraine considère qu'il est impossible d'organiser des élections tant que la zone ne sera pas démilitarisée."
L'ex-ministre des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, avait bien imaginé une formule de compromis en 2016 : des élections avec des observateurs internationaux, selon la loi ukrainienne, puis une entrée en vigueur de l'autonomie politique si les élections étaient jugées conformes par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), suivie d'une démilitarisation immédiate. Mais cette "formule Steinmeier" a peu de chance d'être appliquée et le contexte est peu propice aux concessions. En 2019, des milliers de manifestants avaient d'ailleurs défilé à Kiev pour dénoncer ce scénario, vécu par les participants comme une compromission au bénéfice de Moscou.
Les républiques sécessionnistes de Donetsk et Lougansk occupent la partie orientale du Donbass. (OSCE)
Les républiques sécessionnistes de Donetsk et Lougansk occupent la partie orientale du Donbass. (OSCE)
Les discussions diplomatiques au format "Normandie" (France, Allemagne, Ukraine et Russie) n'ont jamais cessé mais la situation est bloquée, malgré quelques avancées. "Il y a eu des échanges de prisonniers [en 2019 et 2020] et un éloignement des armes lourdes de part et d'autre de la ligne de contact", résume Alexandra Goujon, mais "ce conflit est fait pour ne pas être résolu" afin de "mettre Kiev dans une position inconfortable". Anna Colin Lebedev souligne également une volonté de déstabilisation russe.