Vaccins du futur ?
Ces dernières années ont donc été marquées par l’essor des travaux de recherche dans le domaine des vaccins à ARN messager. Ils ont montré la faisabilité de cette nouvelle approche vaccinale, particulièrement modulable selon le type d’antigène. En effet, elle permet d’élaborer le code de fabrication d’un antigène vaccinal d’intérêt dès lors que l’on dispose de la séquence génétique de l’agent infectieux. Il ne se sera écoulé que dix semaines entre le moment où la séquence du SARS-CoV-2 a été rendue publique et la participation des premiers volontaires inclus dans l’essai clinique conduit par Moderna.
Cette nouvelle modalité vaccinale permet également de rapidement produire cet antigène à l’échelle industrielle, ce qui en fait une méthode de vaccination particulièrement adaptée pour lutter contre une maladie infectieuse pandémique. Les plateformes de production peuvent ainsi fournir de très grandes quantités de vaccins à ARN à un coût inférieur à celui des vaccins conventionnels. Enfin, la séquence génétique codant l’antigène peut être rapidement modifiée si besoin.
Les données d’essais cliniques chez l’homme dans les champs de l’oncologie et des maladies infectieuses sont encourageantes. De nouveaux acteurs biopharmaceutiques (Genentech, Amgen, Merck) se sont depuis lancés dans ce champ de recherche. La vaccination utilisant l’ARN messager se révèle être une méthode prometteuse et attractive pour prévenir des maladies infectieuses ou traiter des pathologies cancéreuses. Que de chemin parcouru depuis la découverte de l’ARN messager en 1961 !
De nouvelles générations de vaccins à ARN messager sont d’ores et déjà à l’étude, qui intègrent les récents progrès réalisés dans les méthodes de production, de purification et de formulation de ces acides nucléiques. L’avenir des vaccins à ARN messager ne fait peut-être que commencer, même s’il est encore trop tôt pour pleinement évaluer le potentiel de cette nouvelle modalité vaccinale. En effet, des résultats très prometteurs obtenus dans des modèles animaux se sont parfois soldés par des déconvenues lors d’essais cliniques chez l’homme.
La mise au point de vaccins à ARN messager, tant en oncologie qu’en infectiologie, ne pourra que bénéficier d’une meilleure compréhension des mécanismes de la réponse immunitaire en cellules B et T. Elle dépendra en outre de la mise au point de systèmes, performants et sûrs, de livraison de l’ARN messager dans les cellules. Enfin, il s’agira, dans chaque cas, de déterminer la voie d’administration la plus efficace.
Marc Gozlan